En l’absence de mesures ambitieuses, l’Accord de Paris sur le climat pourrait partir en fumée, selon Guterres

Article posté par les Nations Unies le 17 septembre 2021 (voir original ici) :

À moins que les pays riches ne s’engagent à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre maintenant, le monde est sur une « voie catastrophique » menant à un réchauffement de 2,7 degrés Celsius d’ici la fin du siècle, a averti vendredi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
gaz à effet de serre

Sans mesures ambitieuses, les émissions de gaz à effet de serre vont continuer à augmenter. © Photo OMM/Seyed Amin Habibi

C’est bien au-delà du seuil de 1,5 degré Celsius, convenu par la communauté internationale dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015 sur le climat.

Le chef de l’ONU a réagi à la publication par l’agence des Nations Unies pour le climat (CCNUCC) d’une mise à jour sur les plans d’action nationaux pour le climat (officiellement connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national ou CDN) soumises par les 191 pays qui ont signé l’accord.

Le rapport indique que même s’il existe une tendance claire à la réduction des émissions de gaz à effet de serre au fil du temps, les pays doivent de toute urgence redoubler d’efforts s’ils veulent empêcher un réchauffement climatique désastreux à l’avenir.

Le document comprend des mises à jour des CDN de 113 pays qui représentent environ 49% des émissions mondiales, y compris les pays de l’Union européenne et les États-Unis.

Ces pays s’attendent globalement à une diminution de 12% de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2010. « C’est une étape importante », souligne le rapport, mais insuffisante, comme l’a souligné M. Guterres lors du Forum des grandes économies sur l’énergie et climat, animé par le Président des États-Unis, Joe Biden

« Nous avons besoin de 45% de réduction des émissions d’ici 2030, pour atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle… Il est clair que chacun doit assumer ses responsabilités », a-t-il souligné.

70 pays ont indiqué leur adhésion aux objectifs de neutralité carbone vers le milieu du siècle. Si cela se matérialise, cela pourrait conduire à des réductions d’émissions encore plus importantes, d’environ 26% d’ici 2030, par rapport à 2010, explique le rapport.

phénomènes météorologiques extrêmes

A travers le monde, davantage de phénomènes météorologiques extrêmes sont enregistrés. Photo © OMM/Daniel Pavlinovic

Alerte rouge

Cependant, si les plans nationaux restent tels qu’ils sont actuellement pour les 191 pays, les émissions mondiales moyennes en 2030 par rapport à 2010, au lieu de diminuer, augmenteront d’environ 16%.

Selon les dernières conclusions du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), cela signifierait qu’à moins que des mesures climatiques ne soient prises immédiatement, cela pourrait entraîner une augmentation de la température d’environ 2,7 degrés Celsius d’ici la fin de ce siècle.

Pour faire face aux effets désastreux du dérèglement climatique, M. Guterres a souligné la nécessité de l’adaptation et de la résilience, qui, selon lui, nécessitent l’engagement d’au moins la moitié du financement climatique mondial au renforcement de la résilience et au soutien à l’adaptation.

« Le récent rapport du GIEC était une alerte rouge pour l’humanité. Mais il a également clairement indiqué qu’il n’était pas trop tard pour atteindre l’objectif de 1,5 degré de l’Accord de Paris. Nous avons les outils pour atteindre cet objectif. Mais nous manquons rapidement de temps », a souligné le chef de l’ONU.

Le Secrétaire général a mis en exergue un défi particulier : l’énergie encore obtenue à partir du charbon. « Si toutes les centrales à charbon prévues deviennent opérationnelles, nous ne serons pas seulement clairement au-dessus de 1,5 degré, nous serons bien au-dessus de 2 degrés. Les cibles adoptées à Paris partiraient en fumée ».

Coalitions de solidarité

M. Guterres a appelé à la création de « coalitions de solidarité » entre les pays qui dépendent encore fortement du charbon et les pays qui ont les ressources financières et techniques pour soutenir les transitions vers des sources d’énergie plus propres.

Sans promesses et engagements financiers de la part des pays industrialisés pour y parvenir, « il existe un risque élevé d’échec de la COP26 », a poursuivi M. Guterres, faisant référence au sommet crucial de l’ONU sur le climat à Glasgow dans six semaines.

Les pays du G20 représentent 80% des émissions mondiales. Leur leadership est plus que jamais nécessaire. Les décisions qu’ils prendront maintenant détermineront si la promesse faite à Paris est tenue ou rompueé, a-t-il prévenu.

Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la CCNUCC, a précisé lors d’une conférence de presse que les pays pouvaient soumettre ou mettre à jour leurs plans nationaux « à tout moment », y compris dans la perspective de la COP26.

L’agence onusienne a souligné quelques bonnes nouvelles. Les plans nouveaux ou mis à jour inclus dans le rapport montrent une nette amélioration de la qualité des informations présentées, à la fois pour l’atténuation et l’adaptation, et tendent à être alignés sur des objectifs plus larges de développement à long terme et à faibles émissions.

Financement climatique

Le chef de l’ONU a clairement indiqué que d’ici la COP26, toutes les nations devraient soumettre des plans plus ambitieux qui aident à placer le monde sur une voie de 1,5 degré

« Nous avons également besoin que les pays développés honorent enfin l’engagement de 100 milliards de dollars promis il y a plus d’une décennie en faveur des pays en développement. Le rapport sur le financement climatique publié aujourd’hui par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre que cet objectif n’a pas non plus été atteint », a-t-il dit.

Un nombre important de plans climatiques nationaux des pays en développement, qui définissent des objectifs et des actions pour réduire les émissions, contiennent des engagements conditionnels qui ne peuvent être mis en œuvre qu’avec un accès à des ressources financières améliorées et à d’autres formes de soutien.

Pour M. Guterres, la lutte contre le changement climatique ne réussira que si tout le monde se mobilise pour promouvoir plus d’ambition, plus de coopération et plus de crédibilité. « Il ne faut plus ignorer la science. Ne plus ignorer les demandes des gens partout. Il est temps pour les dirigeants d’agir, ou bien les populations de tous les pays paieront un prix tragique ».

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